QUAND LE VOYAGE TISSE L’AVENIR

Terra Incognita
En 2000 naissait Terra Andina, en Bolivie, puis au Pérou, au Brésil, en Argentine,… réceptifs d’aventure qui évolueront progressivement vers le sur-mesure et l’évènementiel.
20 ans plus tard, l’activité du groupe s’est diversifié: aux 17 réceptifs s’ajoutent un éditeur de progiciel (Toogo), une plateforme B2B réceptifs-agences (Togezer), une agence d'événementiel, consulting formation (Serendip), et quelques satellites en devenir.
L'écosystème affronte alors plusieurs tempêtes successives: une crise identitaire contingente à une crise de sens (climat vs aérien), puis les années Covid ou nous avons cotoyé la faillite, une crise interne (qui déboucha sur l’expulsion de 6 agences Terra) et enfin, le retournement de table par l’IA.
2024 fut l’année du grand “RESET” avec la création d’une sorte de GIE (groupement d'intérêt général) décentralisé, sans chef, l'écosystème Gaia.
2025 est le premier épisode d’une nouvelle saison inédite, intitulée Terra Gaia.
Cap : quitter le tourisme et se consacrer au voyage extraordinaire.
Método : la bio-inspiration & la technologie (la technologie au service du vivant).

Nous y sommes…le futur ressemble à une Terra Incognita: imprévisible, complexe, ambiguë.
Nous avions choisi ce nom pour notre première brochure et sa première destination, la Bolivie, mais il était déjà déposé à l’INPI. alors va pour Terra Andina. C’était il y a 25 ans.
Depuis le rapport au Club de Rome paru en 1972, les rapports successifs du GIEC et sinon la simple observation du voyageur professionnel, nous savons que "celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste.” (Kenneth Boulding, économiste).
Ou alors un voyagiste ? Mais comment en douter, alors que le nombre de vols internationaux ne connaît qu’une croissance à deux chiffres ? Et que les commandes d’avions sont aujourd’hui au taquet ? Les prévisions sont solides: le tourisme mondial va croître fortement ces prochaines années.
Aujourd’hui, le réchauffement climatique est établi à 1,2°C (par rapport à 1850 et au début de la combustion croissante de charbon, de pétrole et de gaz, dont le stock disponible, inexorablement, est consommé à la même vitesse).
En 2030, le réchauffement climatique atteindra 1,5°C, qui était le plafond max à éviter à horizon 2100, selon les Accords de Paris (2015). Vers 2050, le réchauffement atteindra 2°C. Même topo pour l’eau potable, l’acidification des océans, la biodiversité, la fertilité des sols, les pollutions. On le sait aujourd’hui: les conditions d’habitabilité de la Terre pour beaucoup d'espèces, dont la nôtre, sont en péril à horizon 2100.
Nous scions sciemment la branche sur laquelle nous sommes assis, et de plus en plus vite. Et personne n’en doute parmi les lecteurs de cet article.
Formulée dans les années 1970 par le chimiste James Lovelock, "l'hypothèse Gaïa" compare la Terre à un super-organisme capable de s'auto-réguler. Cette hypothèse romantique a donné un nom à notre regroupement de réceptifs, et un cap: nous sommes partie prenante de l’écosystème Terre. Contrairement à la Nature qui n’a que faire de l’éthique, nous sommes responsables de nos actes.
2025 est l’année la plus chaude des 100 dernières années mais est aussi la plus froide des 100 prochaines… Il n’y a pas de transition, ni de bifurcation écologique, mais bien une inversion des courbes.
Dans un monde très fluctuant, en pénurie de ressources, il ne s’agit plus de s’adapter (résilience), mais de devenir adaptable (“robuste” pour le vivant).
Dans les écosystèmes vivants, la robustesse (ou anti-fragilité) se construit au détriment de la performance. Devenir robuste, et donc contre performant, est contre-intuitif pour nous, entrepreneurs, baignant dans une logique contraire aux lois du vivant: optimisation (qui conduit à atteindre son objectif mais à rater tous les autres), gratuité supposée des ressources naturelles, notion de responsabilité limitée, mythe de la dématérialisation, cycle de vie linéaire (extraction, production, déchet), concept de chaîne de valeurs (laquelle ?).
A l’opposé, le vivant construit son adaptabilité sur des contre-performances: les redondances, hasards, incohérences, erreurs, hétérogénéités, lenteurs, inachèvements, gaspillages,...

Et si nos entreprises s’inspiraient du vivant ?
Voici quelques principes ou piliers de l’entreprise bio-inspirée :
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La coopération supplante la compétition dans un monde en pénurie.
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Gouvernance décentralisée, évolutive.
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Multiplier les interactions avec l’extérieur, ouverture à de nouveaux entrants.
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Principes de pertinence, de transmission, d’apprentissage, de pondération, d’intégrité (mission, utilité, se défendre, s’adapter, pérennité, apprendre de nos erreurs), de circularité,..

“Bon, on a compris… et vous, les réceptifs Terra Gaia, CONCRÈTEMENT, à part lire les bouquins des nouveaux penseurs, vous faites quoi ?!”
Nous avons déjà partagé une sérieuse crise d’éco-anxiété et vécu ensemble une longue, studieuse, et anxiogène courbe du deuil, qui a duré plusieurs années.
Pour se soigner, on s’est formé sérieusement à l’écologie, et on a étudié l’impact écologique de notre activité, mais aussi l’impact de la crise écologique sur notre activité.
Cela fait maintenant 5 ans qu’on bosse sur le sujet, et depuis, nous allons mieux, et nous avons un “plan”. L’action et le partage furent les remèdes à notre solastalgie !
On en a conclu que, quel que soit le secteur d’activité, il faut, avant toute chose: taxer très fortement ou ne pas faire, ce qui, à la fois, concerne peu de monde, est très polluant, et est dispensable (ou substituable).
Concrètement : pas de jet privé, yacht, jet ski, survol en hélico, séjours courts si vol, expé 4x4 pour 1 pax, ni de séjour all included à l’autre bout du monde dans un bunker 5*, antidote à l’altérité. Diminuer voire supprimer les vols domestiques: dans nos voyages, ce n’est pas la destination qui compte, mais le chemin. Prendre un avion, c’est renoncer aux lenteurs et aux interactions du territoire survolé.
Techniquement, cela revient à diminuer l’intensité carbone par € encaissé, et par pax.jour. Par exemple, plus la distance du vol est grande, plus le séjour doit être long. Oui, nous sommes en faveur d’une taxation forte de tous les carburants fossiles, donc du kérosène, donc de l’aérien et de tout ce qui concerne peu de monde, très polluant, et dispensable
Nous consacrons 10% de la masse salariale à la formation de nos équipes sur ces sujets. C’est le socle coûteux, fastidieux parfois, de notre bio-entrepreneuriat.
Quelques mots-clés suffiront à illustrer pour les connaisseurs: ateliers crash test, ateliers robustesse, bilan carbone (et plus largement bilan donut) de l’entreprise, analyse du cycle de vie de nos services, étude de la fonctionnalité de notre activité, ateliers IA&tech. (voir l’article “Le voyage & l’IA & nous…”).
Ensuite, nous avons changé de positionnement.
Car un voyage décarboné c’est beau, mais si personne ne l’achète… changez de métier, licenciez tout le monde, et vous ne n’aurez rien changé sinon votre remplacement par d’autres. La période Covid nous a appris, à la dure certes, que pour être durable, il s’agit d’abord d’être rentable. Les deux à la fois. Soit on réussit, soit on disparait. Réponse dans le Ricochet IFTM 2028. Ajoutons robuste.
Nous avons, en toute logique, décidé de quitter progressivement le Tourisme (achat de prestations de service de divertissement) pour se dédier uniquement au Voyage. C’est quoi la différence ?
“le tourisme est au voyage ce que le McDo est à la gastronomie” (ref. bd “Le monde sans fin”).
Notre choix repose sur un pari pascalien.
Tant qu’il y aura du carburant dans le moteur, les Humains prendront l’avion, enverront des satellites dans le ciel, et exploreront l’univers. Les projets transhumanistes de la Silicon Valley dominent la culture actuelle. Aujourd’hui l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle, augmentée, hybride, et demain matin la fusion homme-machine. Après le droit des Hommes, le droit des Rivières et des Non-humains (plantes, animaux), ce sera le droit des Machines et ensuite celui des Hybrides. Ce n’est pas le dernier Isaac Asimov, c’est demain et il faudra s’y adapter, comme au 2°C, comme à l’IA, comme au reste.
Cette insatiable quête d’infinie saura-t-elle s’adapter aux limites physiques de notre vaisseau spatial ? Nous parions que oui. “Il ne s’agit plus de prédire l’avenir, mais de le rendre possible”.
Voyager pour observer, sentir, éprouver le monde, tisser des liens avec les vivants.
Nous pensons que notre curiosité, notre besoin d’explorer le monde, de nous raconter des récits, de donner du sens à notre existence structurent notre vie d’Homo Sapiens (l’Homme Sachant), et balisent très certainement l’itinéraire à suivre pour inverser l’avenir. Rappelons que le vivant s’adapte en multipliant ses interactions avec son environnement. Alors le voyage peut-être, ou pourrait être l’outil idéal vers la robustesse.
Notre métier est de concevoir le voyage “récit”, celui qui transforme les destins, ou à minima, celui qui questionne nos certitudes. Sa justification est la recherche d’Altérité, cette quête d’un Ailleurs, ou de l’Autre, en quête de Soi.
Notre slogan devient compréhensible et condense nos intentions :
“Un voyage ne vaut la peine que s’il est extraordinaire”.
Extraordinaire, dans le sens pas ordinaire, ou de celui de Nicolas Bouvier, qui écrivait dans “L’usage du monde” :
“On croit qu'on fait un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait.”