QUAND LE VOYAGE TISSE L’AVENIR

Shanti Travel : le voyage comme philosophie de vie
Il y a 25 ans, Jérémy Grasset posait pour la première fois son sac à dos en Inde. Ce voyage fondateur allait transformer sa vie et le conduire, quelques années plus tard, à rejoindre l’aventure Shanti Travel comme associé. Pour célébrer les 20 ans de l’agence et les 25 ans de ce premier grand voyage, il a entrepris un tour d’Asie familial pour retrouver ses équipes, ses partenaires et ses destinations de cœur. Dans ce récit intime, il nous entraîne dans ce retour aux sources où s’entremêlent passion du voyage, rencontres marquantes et conviction profonde : voyager reste l’une des plus belles façons de comprendre le monde… et de se comprendre soi-même.
25 years later : back to basic
Je suis retombé sur un vieux fanzine que nous avions avec mes amis de Loire-Atlantique. Raf l’avait lancé : fanzine rock, musique & voyage. C’était en 2001, j’avais la rubrique voyage. Pour l’IFTM, Martin de TogeZer m’appelle et me demande : « Ça te dirait d’écrire un article ? » Très bonne idée. En plus, je revenais d’un voyage de deux mois et demi : parfait pour un retour aux sens et aux sources.
Il y a 25 ans, je partais donc avec un de mes meilleurs amis pour quatre mois et demi en Inde et au Népal. Envie d’ailleurs, fascination pour l’Inde, tout y était. Pendant ce voyage fascinant, je n’ai pas compris grand-chose de l’Inde. J’ai juste compris que j’aimais l’Inde… et le voyage. À 20 ans, j’avais besoin d’une pause dans les études, sac à dos Décathlon et du temps devant moi : le rêve. Je me suis fait peur plus d’une fois : tombé dans une rivière de l’Annapurna, nuits dans des hôtels à 200 roupies. L’adrénaline de l’inconnu. En découvrant l’Inde, je me suis découvert. C’était un voyage constructeur.
J’ai passé du temps dans les transports : cent heures de train, cinquante heures de bus, des dizaines d’heures en voiture et cinq cahiers remplis. Calcutta, Bénarès, Dharamsala, le Népal, le Penjab, le Rajasthan, puis le Madhya Pradesh, cher à ma vision du voyage. Puis Bombay, Goa, Kerala, Pondichéry, Mahabalipuram, Chennai, Hyderabad et retour à Calcutta. Ce voyage a changé ma vie. Il a sans doute conditionné mon avenir : l’envie de repartir, voire de vivre en Inde.
2004 : je rejoins l’Inde à nouveau, cette fois-ci pour y vivre. Dix ans magnifiques. En 2007, je rencontre Alexandre Le Beuan, fondateur de Shanti Travel, une agence locale qui vend sur internet. Bonne idée ! Il me propose de m’associer. Je saute dans la « Shanti Adventure ». J’y découvre un métier, une communauté, des guides, des chauffeurs, et des amis. A Delhi, je rencontre aussi mon épouse, Emeline, une entrepreneuse française en Inde; et mes enfants naissent en Inde. « Mother India gave me so much ».
Bien sûr, dans la Shanti Adventure, il y a des galères aussi : attentats de Bombay en 2009, catastrophe au Ladakh où nous rapatrions 100 voyageurs et 450 Français. Puis le Sri Lanka : fin de la guerre, ouverture de notre bureau à Colombo. Et au milieu de tout cela, toujours l’essentiel : l’expérience voyageur, le choix des hôtels, la fameuse liste des “favorite hotels”. Les « from/to » s’enchaînent, nos équipes grandissent, de plus en plus de voyageurs et de partenaires B2B en France !
En 2014, Delhi devient trop polluée. Nous partons vivre à Bali.
Janvier 2020 : le Covid frappe. On frôle la fermeture. William et Éric investissent un million d’euros. L’État soutient via le « quoi qu’il en coûte » les agences de voyage françaises. En 2022, les voyageurs reviennent : soulagement. Ils nous soutiennent. Le Sri Lanka repart, puis l’Indonésie. On rencontre Chloé de Tierra Latina, aussi secouée par le Covid. On s’entend bien. On s’associe : l’Amérique latine s’ouvre.


2025 : trois ans après la reprise : back to basic.
Pour les 20 ans de Shanti, les 10 ans de Tierra et mes 25 ans de premier grand voyage, je repars en famille, longtemps, pour visiter chaque bureau. Début 2025, je participe à la Kumbh Mela. Un bain d’humanité : entre 100 et 400 millions de personnes. J’y croise une dame de 75 ans, baluchon de riz sur la tête, seule. Elle ne sait pas où elle dormira : « sans doute par là ». Elle mange « ce qu’il y a sur la route ». Elle a confiance. Cette énergie folle me rappelle les JO à Paris : tout le monde veut être là, ceux qui ne veulent pas sont partis . La foule est calme : une douce folie humaine.
Retour aux sources, En re-partant de Delhi, nous faisons une fête pour nos partenaires & fournisseurs. Je retrouve avec joie les hôteliers, guides et chauffeurs transporteurs. Dans chaque bureau, nous organisons une fête avec nos partenaires.
En cet été 2025, je retourne sur les routes, avec une valise (plus qu’un sac à dos), et retour aux principes de base à nouveau ! Je teste nos voyages en Indonésie, aux Philippines, au Japon et en Mongolie. Je vis chaque étape comme une de nos voyageurs : devis, itinéraire toogo Odys, ou word, pick-up, carnet de voyage, hôtels, chauffeurs… Les enfants me forment aussi. De quoi ont envie les ados ? Un match à Tokyo, transit à Séoul, quête de Luffy au Japon. la prod va se rafraîchir ! La quête de la statue One Piece a Kumamoto me restera dans la tête, retour au produit !


La Shanti family. Dans chaque bureau où je passer, je refais une activité d’équipe : chasse au trésor à Bali, remontée de rivière à Manille, parc d’attractions à Tokyo. Nous retrouvons nos fondamentaux : former, partager, vérifier nos projets carbone sur le terrain.
J’ai aussi pris le temps d’aller voir des ONG partenaires de notre programme de contribution carbone ! Bien vérifier ce qui se passe, c’est super important. Et je n’ai pas été déçu.
Alors Voyager avec une agence ? Mes enfants résument : « C’est super, on n’a rien à préparer.
C’est bien organisé, les restos sont bons, on vit des expériences extraordinaires. »
Comme en 2001, les kilomètres défilent et ma passion reste intacte. Après tant de voyages vécus et créés, je ressens un « overview effect » : cette prise de conscience qu’il faut protéger la paix et la planète.