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VOYAGE(S) & TRANSITION(S)

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Slow travel et cohérence numérique

Clément et Léopold de Nuageo, l'Atelier du Numérique Responsable, vous proposent une réflexion autour de nos usages numérique, leurs impacts environnementaux et sociaux

3% à 4% des émissions de Gaz à effet de serre


Pour une ligne éditoriale sur le voyage, il serait facile de penser qu’il s’agit des émissions du secteur de l’aviation par exemple. Et pourtant, ce n’est pas le cas. Si l’aviation représente 2,5%, le numérique, dans son ensemble, a une empreinte encore plus forte. Attention, ce chiffre marquant est à prendre avec un peu de recul : l’avion est utilisé par 11% des gens et occasionnellement, le numérique par une grande majorité de la population et quotidiennement. Pour référence, environ 70% de la population mondiale a accès à internet et donc utilise du numérique. Pour autant, on peut légitimement en conclure que si l’avion est un enjeu pour réduire notre empreinte environnementale, le numérique l’est également, d’autant plus que ce dernier connaît une forte croissance (6% à 8% par an environ) ce qui fait que son impact double en moins de 10 ans.

 

 

Au-delà des Gaz à Effet de Serre (GES), un impact global


Pour comprendre réellement l’impact environnemental d’un secteur, il est important de dépasser le prisme seul des GES, principale cause du réchauffement climatique.
En effet, en plus de ce point, 8 autres limites planétaires ont été identifiées, allant de la consommation d’eau aux ressources abiotiques, en passant par les impacts sur la biodiversité et bien d’autre renseignés ci-dessous :  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Wang-Erlandsson et al.(2022) Stockholm resilience center

 

 

Ces limites planétaires définissent des seuils à l'échelle mondiale à ne pas dépasser pour que l'humanité puisse vivre dans un écosystème sûr. En 2022, on estime que 7 d’entre elles, dont le réchauffement climatique, ont été dépassées.

Le numérique ne fait pas exception : que ce soit par sa consommation de ressources abiotiques, d’eau ou d'énergie, ce dernier a un impact bien plus large que les seuls GES.

 


Concrètement, où se situe l’impact ? 


Pour comprendre l’impact du numérique, la notion de cycle de vie est centrale. Quand on parle de cycle de vie des équipements et services numériques, on retrouve quatre grandes étapes : la fabrication, la distribution, l’utilisation et la fin de vie.

Ces impacts sont résumés dans les deux graphiques suivants. D’abord la répartition des impacts en fonction de l’étape du cycle de vie :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

Ensuite le type d’impact par type d’équipement informatique : 

 

Deux éléments clés sont à retenir : 

 

  • 3/4 de l’impact global se situe dans la phase de fabrication. C’est là que les ressources sont consommées - une fois produit, un équipement numérique consomme presque uniquement de l'électricité. Électricité qui en France est majoritairement décarbonée, car notre mix énergétique s'appuie fortement sur le nucléaire.

 

  • 4/4 des émissions de GES sont émises par les terminaux utilisateurs (smartphones, tablettes, ordinateurs), 1/4 par les équipements réseaux et datacentres. Les équipements utilisateurs, c’est 60% de l'énergie consommées par le secteur du numérique (réparties équitablement entre la phase de fabrication et la phase de production) et plus de 2/3 de ressources. Cela s’explique essentiellement leur nombre (34 milliards, contre quelques centaines de millions de serveurs et équipements réseaux) et de manière secondaire à leur durée de vie assez courte (2,5 ans pour un smartphone). 

 

Au final, c’est bien la fabrication du matériel, et plus particulièrement des équipements utilisateurs, qui représente le cœur de l’impact.
Cet impact est imagé par la notion de “sac à dos écologique” : c'est-à dire  l’ensemble des ressources naturelles qui se cachent derrière la fabrication d’un produit (énergie, métaux, eau etc.). Par exemple, un ordinateur de 2 kilos nécessitera environ 800 kilos de ressources pour sa fabrication et des milliers de litres d’eau.

Source : La fresque du Numérique

 


Au delà du matériel, l’importance des usages 


Face à ce constat, il peut être tentant de se dire que le seul levier d’action est de limiter l’achat de matériel informatique, de le faire durer le plus longtemps possible, et lorsqu’on le renouvelle faire attention à la fin de vie de l’ancien (réemploi, recyclage), et en prendre un nouveau “d’occasion” ou reconditionné.  

 

En effet, en comparant l’impact de la fabrication d’un ordinateur à celui d’une heure de streaming ou à l’envoi d’un mail, ces derniers semblent dérisoires :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source Ademe / Datagir

 

 

 

Pour autant, un travail sur les usages a également du sens, car l’usage va venir définir les services et applications qui vont être développées et proposées aux utilisateurs. Ces derniers vont ensuite conditionner la puissance serveur nécessaire pour les faire fonctionner, ainsi que la puissance des smartphones/ordinateurs/tablettes requises côté utilisateur. 


Par exemple, avoir un site qui propose des visites d'hôtel en réalité virtuelle, va demander beaucoup plus de ressources et des équipements plus récents, ce qui pousse à acheter plus de matériel ou à renouveler l’existant pour profiter de l’expérience de manière optimum. Et rappelez-vous, dans l’achat (et donc la fabrication) de matériel informatique que réside le cœur de l’impact environnemental du Numérique.

Et l’humain là-dedans ?


On l’a vu, l’impact du numérique dépasse le sujet du réchauffement climatique. Mais il dépasse aussi celui de l'environnement, et a un impact social de plus en plus fort… Malheureusement pas toujours de manière positive.

Par exemple, en France, 13 millions de personnes déclarent avoir des difficultés dans l’usage des outils numériques. Ces inégalités d’accessibilité et de compréhension renforcent la fracture numérique.
De plus, il y a peu de diversité de genre et sociale dans ce secteur d’activité. Il est donc important de s’assurer qu’un numérique inclusif et accessible à toutes et tous soit notre cap à l’avenir.

Enfin, la surexposition au numérique perturbe nos besoins au quotidien : nos besoins vitaux avec l’exposition aux écrans et la perte de l’attention. Nos besoins sociaux en changeant notre rapport aux autres humains et enfin nos besoins d'épanouissement en devenant victime des services numériques exploitant nos biais cognitifs pour nous renfermer.

 


Et vous entrepreneurs que pouvez vous faire ?


Quelles conclusions tirer pour l’industrie du tourisme/voyage face à ce constat de l’impact environnemental et social du numérique ? Et surtout, quels seraient les leviers à activer pour les réduire ? 

D'abord, prenons un peu de recul. Certes, en terme d’impact global, on peut estimer que l’aviation et le numérique se rapprochent. Dans le détail, les impacts d’un vol ou d’un achat numérique sont très différents : 

 

 

 

 

 

Nuageo - données issues de la base Carbone de l’ADEME -  2022

 

 

Par contre, il est important également de se rappeler que lorsqu’une minorité voyage en avion (1% de la population mondiale émet la moitié des émissions de GES de l'aviation), une majorité des personnes utilisent et donc achètent des équipements numériques. 
Comme il existe une démarche de slow travel, on pourrait entrer dans une démarche "slow" numérique basé sur ces réflexions : 

  • Avant tout, et c’est vrai pour toute activité : limiter l’achat de matériel informatique neuf. Faire durer vos appareils plus longtemps, ayez des équipements en cohérence avec vos usages, pensez au reconditionné, à la seconde vie. 

  • De même, il est essentiel de questionner les usages : c’est en effet ce qui va conditionner l’impact que les services numériques vont avoir, jusqu’au matériel nécessaire pour les supporter. Une bonne pratique est de passer chaque usage au prisme des 3U, pour éviter de mettre en place des fonctionnalités qui n’apportent pas de valeur : 

    • Est-ce que ce que je souhaite mettre en place est Utile ? 

    • Est-ce que c’est Utilisable ? 

    • Et enfin est-ce que c'est Utilisé ?

  • Ensuite, Eco-concevoir les sites de voyages souvent riches en images et vidéos peut être bénéfique (en tous cas cela sera cohérent à défaut d’avoir un impact majeur au regard du reste des activités d’un voyages). Par exemple en réduisant le nombre de photo et vidéos, et en optimisant celles qui restent : 

    • En rendant le site fluide, léger, quelque soit la connexion internet et le terminal utilisateur qui s’y connecte

    • En limitant les dark patterns visant à inciter à l’achat, à la vente

 

  • A tous les niveaux, il faut s’équiper informatiquement de manière cohérente par rapport à ses usages : comme il n’est pas indispensable d’avoir un véhicule tout terrain pour faire ses courses dans Paris, il n’est pas nécessaire d’avoir le dernier ordinateur sorti pour aller surfer sur internet

Bien-sûr le numérique peut aussi être un allié dans cette transition : 

 

  • Par exemple, et de manière très simple, en nous aidant à passer le temps - au même titre qu’un bon livre, de beaux paysages ou une conversation avec sa voisine ou son voisin de compartiment - pendant des temps de trajets rallongés en train ou en bateau, évitant le transport aérien

  • De plus, grâce à internet, ce sont des expériences de slow travel qui peuvent être documentées et partagées. L’utilisation d’un calculateur d’itinéraire et de plateforme de réservation en ligne permet d’ouvrir l’horizon des possibles en apprenant qu’il est faisable de ne pas prendre l’avion pour aller en Croatie facilement par exemple.

Si vous souhaitez creuser le sujet, n'hésitez pas à contacter Nuageo, ou à vous tourner vers une Fresque du Numérique pour comprendre l’impact du Numérique et identifier les leviers d’actions à votre portée ou celle de votre organisation.

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Nuageo est une entreprise à mission et permaentreprise fondée en 2014. Notre équipe accompagne des organisations privées et publiques dans la transformation de leur système d’information de façon raisonnée et raisonnable, par des audits, études et accompagnements opérationnels tant fonctionnels que techniques.

Nuageo sensibilise et forme également sur l'impact du numérique et les actions concrètes à mettre en œuvre en entreprise, allant jusqu'à la labélisation

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